Avez-vous déjà entendu parler de la notion de temps relatif ?
Non, pas la version scientifique, pas la vraie. Mais celle qui nous amène à considérer parfois qu'une heure d'un travail pénible passe beaucoup plus lentement qu'une heure à prendre un verre avec des amis à une terrasse d'un café.
Il semble déjà loin le temps où nous nous extasions à regarder la Chine construire des hôpitaux de 1000 lits en 10 jours. Incrédules.
Passionné par l'actualité de façon générale - ok, "hyperconnecté"-, je scrutais déjà de loin ce qui n'était encore qu'une bulle rouge qui grossissait au fil des jours sur les différents graphiques que l'on nous exposait ici et là.
En vacances à l'étranger, loin (non, pas jusque-là), je m'amusais à souhaiter un confinement généralisé les pieds dans la poudreuse d'une plage paradisiaque.
Car, oui, j'ai l'humour original. À l'instar des personnes qui arrachent quelques instants de bonheur à leur quotidien, je me suis pris à rêver que cet instant dure au-delà de mes vœux les plus chers par l'entregent de notre virus.
Bon, soyons honnêtes. Si le calembour est excellent (j'insiste.), les instants de bonheur n'ont pas vocation à être suspendus à l'infini. D'autres en parleraient beaucoup mieux que moi.
Alors janvier s'achève, on mordille sur février et on prend son manteau, on s'en va! On se rapatrie en France. Toujours un œil sur l'actualité.
Avec cette histoire, ce point rouge qui ne cesse de grossir sur le graph', j'avais ma saga de l'été en plein hiver.
C'est vrai, ça fait un truc à se raconter avec les copains autour d'un verre. Ça tombe bien, l'anxiogène, on adore ça, on en rigole et surtout, on débat comme toujours.
Qui n'a pas sa petite étude pseudo-scientifique sous le bras pour soutenir un propos au conditionnel démenti par un autre quelques secondes plus tard ?
Et ça dure, encore et encore, parfois jusqu'à ce que l'alcool nous coule. Parfois jusqu'au départ du dernier belligérant, son argumentaire en poche.
Finalement, on se sent à l'abri.
Grand Papi avait raison: nous n'avons rien connu.
C'est sûrement cela qui nous permet de vivre avec notre insouciance, une certaine forme de confiance en cette chose "supérieure" qui couvre nos arrières en toutes circonstances.
Attention, je ne parle pas d'inconscience non plus. Oh oui, nous sommes informés au courant des périls de notre monde. Parfois engagés et militants même. Mais cela avec un sentiment permanent du "c'est chez les autres, pas chez nous". Du "ça n'arrivera pas en France".
Après tout, en y repensant, Grand Papi n'avait rien connu lui non plus avant de l'avoir vécu.
Alors voilà Grand Papi, Monsieur le Président Macron l'a dit : elle est enfin là la bonne vieille guerre que tu nous souhaitais tant. Celle qui nous remettrait les idées en place une bonne fois pour toute. Celle qui nous éduquerait.
Je ne me réjouis que d'une chose : qu'elle ait mis suffisamment de temps à venir pour que tu ne la connaisses pas. Je pense que tu n'étais pas prêt pour celle-là.
Permets-moi juste te dire qu'en attendant, ta guerre, elle a fermé les bars et les restos que tu aimais... jusqu'à nouvel ordre.