Démunis, si pâles.
Ils étaient - nous étions - 64% à opter pour le maintien du 1er tour des municipales le 16 mars 2020 selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting rapporté par le Figaro.
Si l'on regarde les chiffres officiels de la participation tels que relayés par le gouvernement, nous sommes, à l'arrivée, à un taux de participation de 44,66% lors de ces élections.
Vous me voyez arriver, porté par un Bac +17, je fais la terrible soustraction : nous aurions donc, à la louche, 20% de Français prêts à envoyer les autres au casse-pipe pendant que ces derniers restent confinés au chaud à regarder la vie démocratique se dérouler derrière leurs écrans. C'est bien vrai, ça fait du spectacle pour pas cher et on en a bien besoin par les temps qui courent.
Et ce qui devait arriver, arrivât. Chacun dans son rôle, les râleurs râlent, les réjouis se réjouissent. Un consensus malgré tout : les partis politiques s'accordent pour que le second tour n'ait pas lieu.
En ce qui concerne le premier tour, les avis sont plus mitigés. Les réjouis de gauche comme de droite souhaitent voir enterriné au plus vite les résultats du premier tour et s'angoissent d'une invalidation de l'ensemble des résultats des élections si le second tour n'a pas lieu. Les autres... vous aurez compris.
La tableau ne serait pas complet sans Agnès Buzyn, candidate à la mairie de Paris, sortie pour l'occasion de ses fonctions de ministre de la Santé. Cette dernière s'indigne que ces élections soient tenues malgré ses alertes depuis le mois de janvier auprès du gouvernement.
Donc, en synthèse, on sort de ses fonctions la ministre de la Santé à la veille d'une crise sanitaire pour l'envoyer, candidate de la majorité, à une élection qu'elle ne veut pas voir se dérouler ?
Mes céphalées me reprennent.
Mais les élections, ce soir, tout le monde s'en fout. Et c'est bien normal.
Ce soir, le président a de nouveau pris la parole sur nos écrans. Nous n'avons pas été sages, tout le monde dans sa chambre.
Les Français n'ont manifestement pas compris que lorsqu'on leur donne la télécommande de la télé, c'est uniquement pour pouvoir raconter la météo à leurs parents bien trop occupés. Pas pour s'attarder devant.
Cette fois-ci, le ton est martial : il faut manifestement provoquer "une prise de conscience", que chacun reste chez soi.
L'Europe ferme ses frontières extérieures. Les transports se réduisent fortement. Ce n'est pas une grande surprise. Si j'ai pu voter, c'est bien parce que je ne suis pas en train de me rapatrier en catastrophe des Pays-Bas où j'aurais dû me trouver.
Les consignes de travail à distance, si elles n'étaient pas déjà données, tombent dans les boites mails les unes après les autres.
Alors maintenant, je fais comme tout le monde, j'applaudis avec les autres à la fenêtre où je me trouve opportunément pour m'en griller une - oui ça se passe comme ça maintenant.
Je devrais pouvoir m'y faire, j'ai un côté casanier à y regarder de plus près.
Je me demande tout de même si, dimanche, je n'aurais pas dû m'abstenir. Ne pas me rendre dans cette école primaire.
Me faire porter pâle.